
Samedi 29 octobre 2022 a eu lieu à Mulhouse l’inauguration de la fresque offerte par l’association DMK regroupant les descendants des familles Dollfus, Mieg et Koechlin. Cette fresque installée dans le hall d’entrée du centre de l’innovation, du numérique et des technologies KMØ représente la gare de départ située au kilomètre zéro de la ligne Mulhouse-Thann, une des premières de France. Mise en service en 1839, cette ligne fut créée par les industriels mulhousiens Nicolas et André Koechlin – respectivement les deuxième et troisième personnages en partant de la gauche. La fresque se trouve précisément dans l’ancienne fonderie des établissements André Koechlin et Cie. C’est sur cet ancien site industriel qu’André Koechlin construisit des centaines de locomotives et machines à vapeur.
André et Nicolas Koechlin
Les cousins André et Nicolas Koechlin étaient des entrepreneurs hors pair. Déjà, leur grand-père Samuel Koechlin (1719-1776) créa à Mulhouse avec trois associés, dont Jean Henri Dollfus, la première manufacture de toile peinte. Cette initiative fut la source du formidable développement économique et industriel de la ville qu’on appellerait bientôt la Manchester alsacienne.
Nicolas commença sa vie professionnelle chez son oncle Jean Dollfus, le fondateur de DMC. Il se mit très vite à son compte et créa d’abord une filature de coton à Masevaux (la deuxième en Alsace). Puis, il ouvrit une usine d’impression sur tissus à Lörrach en pays de Bade, suivie d’une filature à Mulhouse. Il fut le promoteur de la ligne ferroviaire Mulhouse–Thann, puis celle de Strasbourg–Bâle. Si le financement de la première ligne ne posa aucun problème, la ligne partant de Strasbourg le mit en difficulté financière. Dans un autre registre, ce libéral bonapartiste offrit à la SIM – Société industrielle de Mulhouse – le très beau bâtiment de la Bourse.
Son cousin André, un brin autoritaire et au caractère bien trempé, créa la fonderie André Koechlin et Cie. Outre les locomotives, il construisit de nombreux équipements destinés aux industries textiles en France et à l’étranger. Avec ses cités ouvrières, il amena un réel progrès social en donnant à ses fondeurs et mécaniciens de Mulhouse un logement salubre. Il fut également maire de Mulhouse, conseiller général et député.
L’héritage d’André Koechlin
De son mariage avec Ursule Dollfus, André Koechlin eut quatre filles. Sans postérité masculine, André Koechlin organisa la fusion en 1872 de la société André Koechlin et Cie avec les Ateliers de Graffenstaden appartenant à Alfred Renouard de Bussierre donnant naissance à la SACM – Société alsacienne de construction mécanique. Une partie de la SACM fusionna en 1928 avec l’Américain Thomson-Houston Company pour donner naissance à la société Alsthom (contraction d’Alsace et de Thomson). Ainsi, André Koechlin est un des pères spirituels du ferroviaire français qui passa un peu grâce à lui de la locomotive à vapeur à la locomotive électrique, puis au TGV…
L’œuvre innovante du KM0
La fonderie que les Mulhousiens appellent encore la Giesserei a parfaitement réussi sa mutation. Le lien entre l’ancienne friche de la fonderie et KMØ est évidemment l’innovation. Celle d’André Koechlin qui était un des pionniers du ferroviaire en France voilà près de deux siècles, et celle du centre d’innovation KMØ définie par son président Patrick Rein comme un écosystème dédié à la transformation digitale de l’industrie.
Au KMØ, on trouve des start-up et des étudiants de la tech. L’école 42 Mulhouse de Xavier Niels a trouvé ses aises dans les anciens locaux industriels de 11 000 mètres carrés. La fresque imprimée sur un tissu en lin de grande largeur est l’œuvre de la société Arketex résidente KMØ également.
On ne peut s’empêcher de voir en Arketex une évolution high-tech et une synthèse de l’impression sur étoffes lancée en 1746 par les Mulhousiens Koechlin et Schmaltzer et de l’industrie du papier peint commencée par Hartmann Risler en 1797 et dont le musée de papier peint de Rixheim conserve les collections. Le président d’Arketex, Hervé Munck-Ziegler, expliqua que la fresque imprimée sur du lin français est parfaitement stable dans le temps et réduit considérablement les nuisances sonores dans une pièce qui résonne grâce à son support absorbant. Le textile mulhousien n’a toujours pas dit son dernier mot.
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